Alexis Faucomprez est un artisan d’art, facteur d’instruments de musique. Il est devenu au fils des ans le fabricant de référence de lames sonores. Cet instrument, que l’on appelle également « scie musicale » est un peu le chaînon manquant entre la lutherie traditionnelle et la lutherie électronique. A l’origine simple amateur de synthétiseurs et aujourd’hui spécialiste mondiale de la lame sonore, retour sur le singulier parcours d’Alexis Faucomprez et de son instrument.
La quête du son ultime
Alexis est avant tout un musicien. Il vient du monde des synthétiseurs et de la recherche sonore. Grand amateur de musiques expérimentales et planantes, Alexis Faucomprez s’est d’abord intéressé aux instruments électroniques : Korg Workstation puis ARP Odyssey. Son incessante quête du « son originel » va rapidement le pousser vers le thérémine.
« Le thérémine m’a fait découvrir l’onde sinusoïdale pure et le jeu éthéré. Mais je ne disposais pas des bases techniques pour jouer correctement du thérémine. Je voulais m’affranchir des problèmes d’accordages et je souhaitais un instrument acoustique, simple à mettre en oeuvre et me permettant de jouer partout avec ce genre de sonorités”.
Alexis conçoit la musique comme un partage, et il lui était impossible de jammer avec ses amis guitaristes ou percussionnistes, le temps d’un weekend à la campagne ou d’une soirée en bord de mer. Cette réflexion (instrument acoustique, sons éthérées, musique cosmique) a fait naître l’idée de la lame sonore. Il va rapidement se lancer dans la fabrication de l’instrument.
D’abord pour son usage personnel, Alexis va très vite être sollicité par d’autres musiciens désireux d’acquérir une lame de qualité. L’année 2006 voit la naissance de la première lame sonore « Alexis Faucomprez », et Alexis dispose depuis de son propre atelier situé en France et d’où sortent toutes ses lames.
Etape 1 – La lame sonore acoustique
Les lames d’Alexis ne sont pas des « outils détournés », mais de véritables instruments de musiques (figure 2). Un vrai travail de lutherie. Des instruments imaginés, conçus et réalisés dans un unique but : Produire le meilleur son possible. Alexis s’est inspiré d’un brevet Français (Keller, 1946) en y apportant plus d’une vingtaine de modifications.
Les lames d’Alexis disposent de quatre octaves. Les matériaux choisis donnent un sustain incomparable. Elles sont trapézoïdales pour une plus grande puissance sonore. La partie la plus large est éloignée de la crosse pour une meilleure restitution des graves. L’instrument est monophonique, voir duophonique pour qui sait faire sonner les harmoniques.
Rien n’est laissé au hasard: Emplacement des vis, angle de la poignée, choix de l’acier et découpe. L’instrument a aujourd’hui atteint une sorte de perfection.
Alexis (figure 3) fournit tous les meilleurs lamistes mondiaux : L’ensemble Modern de Frankfort, Tony Levin, Thomas Bloch, Grégoire Blanc, Hyrtis, etc. Il collabore également en tant que musicien avec des artistes exigeants cherchant des ambiances et des couleurs particulières, comme Emilie Simon, Benjamin Biolay et Olivia Ruiz.
Aujourd’hui, et même si l’instrument bénéficie toujours de constantes améliorations (gravage au laser de la poignée, etc.), Alexis se dit lui-même heureux d’avoir atteint ce qu’il nomme « l’Etape 1 », à savoir la réalisation de la meilleur lame sonore acoustique existante à ce jour. L’étape 2 est maintenant de retourner vers l’électronique et la musique expérimentale en se donnant les moyens d’y parvenir.
Pour cela, Alexis parle pour la première fois et en exclusivité pour KR Home-Studio de son nouvel instrument : La lame electro-acoustique.
Etape 2 : La lame electro-acoustique
Après avoir réussi à rendre acoustique les sons électroniques qu’il avait dans la tête, Alexis fait aujourd’hui le chemin inverse en électrifiant son instrument acoustique. Dans un environnement live, la captation de lame sonore est délicate. Micro cravate, micro d’ambiance ou micro chant sur le sol sous la lame, le brouhaha de la scène rend toujours l’exercice difficile.
Contrairement aux moyens de captations traditionnels, la cellule piézoélectrique offre de nouveaux champs d’expérimentations. En fixant la capsule piezo sur la lame, l’onde sonore est directement captée, mais également les mouvements et bruits de l’archet.
En offrant une connectique jack directement dans la crosse de l’instrument, on dispose d’une lame « plug and play » pour les setups amplifiés, tout en restant utilisable en acoustique pur.
Un peu comme une guitare électro-acoustique, la lame électro-acoustique est un instrument complet, toujours jouable en acoustique, et instantanément utilisable en entrée d’une chaîne sonore (effets, looper, etc.) électro-acoustique inventive et originale.
Alexis ajoute : « Maintenant je repars du son acoustique pour refaire des sons de synthés avec un phaser, un flanger ou une distorsion. Le son de l’archet est exacerbé et peut même faire des rythmiques. La variété de sons est incroyable. »
Endless story
La première lame électro-acoustique a déjà été produite pour un musicien Norvégien, amateur de Moogerfoogers. Pouvoir disposer d’un instrument à la fois acoustique et électrique est un apport majeur au monde de la lame sonore.
Alexis utilise actuellement beaucoup les effets OTO Machines, et songe déjà à utiliser sa lame en passant par les filtres de son Matrixbrute ou de son ARP 2600. Les expérimentations et les possibilités sont tellement vastes que le musicien songe à la réalisation de « patchs », comme pour les synthétiseurs vintages. Un « patch book » pour lame sonore pourrait voir le jour, avec des feuilles de patchs et des conseils issus de sa propre expérience (choix du matériel, ordre des effets, etc.) La lame sonore électro-acoustique permet de jouer avec un archet, avec ses ongles, avec une mailloche.
Instrument instinctif, synthétiseur « acoustique » pour des sons éthérés, cymbale à pitch variable, instrument métallique pour musique percussive et organique, générateur de sons pour du droning, élément central d’un setup avec looper et effets, la lame électro-acoustique a un bel avenir, et l’histoire ne fait que commencer.
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