Clément Froissart en haut de la vague
Pour son premier album solo, Clément Froissart qui avait déjà sévi au sein du groupe Concorde, a souhaité franchir des barrières et revenir à des sensations basiques. Adepte de Bowie, sensible à la pop de Daho, Clément a tout imaginé dans son studio landais, à quelques pas de l’océan. Pour le jour de son anniversaire, le 15 février, il a délivré un clip « Rendez-vous », une invitation à l’introspection, un retour à la naïveté de l’enfance dans ses attributs les plus insouciants et les plus élémentaires…
KR : Qui es-tu Clément et quel est ton parcours ?
Clément Froissart : Je suis né à Paris et j’ai ensuite grandi à la campagne vers Château-Thierry pour revenir à Paris après le divorce de mes parents à dix ans. Mes parents étaient mélomanes, j’ai été bercé par la musique africaine et cubaine. Ils m’emmenaient déjà à mes quatre ans à la Chapelle des Lombards, haut lieu de la salsa à Paris dans les années 80, pour écouter Celia Cruz et d’autres grands noms. Il paraît que pendant qu’ils dansaient je dormais sur les banquettes !
Ils m’ont transmis leur passion, j’ai commencé la guitare vers cinq ans puis la flûte traversière à sept ans. Ma prof de guitare était d’origine argentine, j’ai donc continué à explorer les standards espagnols et sud-américains.
Mon arrivée à la « ville » a tout chamboulé, j’ai découvert Nirvana et tout ce qui en découlait. J’ai monté mon premier groupe vers douze ans. La suite, c’est un passage par la musique noise improvisée, puis la découverte des synthés analogiques et de la musique électronique avec mes ex-compères de Concorde, Max et Roger Zippel.
Quelles sont tes influences ?
Mes racines sont latines, et j’aime la simplicité dans les accords pour mettre en avant l’émotion. La découverte de Nirvana m’a ensuite emmené vers le Velvet Underground qui est encore mon groupe numéro 1 puis Sonic Youth, David Bowie, Kraftwerk, Can, Gainsbourg, Talking Heads, Brian Eno… J’ai une obsession pour la scène new-yorkaise de la fin des années 70. J’ai fait pas mal de skate ado et nous faisions mes amis et moi notre éducation musicale avec les soundtracks des fameuses cassettes vidéo « 411 » qui étaient pleines de pépites ! Une de mes influences majeures est David Lynch et Angelo Badalamenti pour cette ambiance vaporeuse, mystérieuse et rêveuse.
Que t’a apporté le projet Concorde dans ta création ?
Concorde était une vraie famille, nous passions littéralement notre vie ensemble et ma fille Jeanne alors tout bébé était un peu la mascotte. Concorde ce sont des années de bonheur. C’est le groupe qui m’a permis enfin de m’exprimer totalement sans jugement. Je ne chantais pas avant Concorde, Max et Roger m’ont mis en confiance et je ne les remercierais jamais assez !
Comment as-tu vécu le fait d’être le fils du rédacteur en chef du journal Libération dans ton enfance ?
Je ne m’en rendais pas vraiment compte dans ma première enfance, mais c’est à l’adolescence que j’ai enfin pesé le poids de mon père quand on commence à se politiser. J’en parlais tout le temps, c’était mon idole et ça m’a joué quelques tours. Un jour quelqu’un m’a dit : « tu sais que tu es une personne aussi, tu devrais arrêter de vivre à travers la vie de ton père ! ». Sur le moment, j’ai haï ce type mais ça m’a fait prendre conscience de l’importance de se construire par soi-même, de prendre son chemin.
Pourquoi être parti de Paris ?
Je sentais la fin de Concorde arriver, c’est ce qui me retenait à Paris. J’ai toujours été fou de surf et j’ai fait des super rencontres à Hossegor comme Benjamin Jeanjean et Boul Rostan en 2014. C’est bête mais ils m’ont donné envie de vivre près d’eux, ils sont artistes tous les deux et j’ai ressenti ce besoin de quitter la ville pour mieux se perdre.
Quel est l’instrument, ou la machine, qui t’a donné envie de faire de la musique ?
La guitare, d’abord sèche pour jouer du Guillermo Portabales mais ma grande révélation fut avec les synthés analos. Mon premier avec Concorde était un Roland JUNO-60, on l’a poncé pendant plus de dix ans puis mon Six-Trak de Sequential est devenu mon fidèle compagnon.
De quoi est constitué ton studio musical à Hossegor ?
J’ai quelques vieilles tranches de consoles Neve 1073, des API, des jolis compresseurs comme un LA-2A et beaucoup de micros à rubans que j’affectionne particulièrement pour leur douceur et leur côté « oreille humaine ». J’achète des vieilles Fender depuis que j’ai 15 ans, ça a pas mal tourné pour finalement garder ma Mustang de 64 et une Jaguar. J’ai une basse Musicmaster de 73 et une vieille Teisco qui ressemble à une bûche. J’adore la batterie, c’était devenu mon défouloir pendant la période Covid. J’ai une vieille Premier des années 60 qui sonne incroyablement bien. En synthés, j’oscille entre mon Six-Trak, un Moog Grandmother, un ARP 2600 et mon Prophet-6.
Comment allies-tu tes passions pour la photographie et le multimédia dans tes compositions ?
J’ai tout le temps mon appareil photo avec moi comme une sorte de carnet de route, l’image est inhérente à ma musique. Quand je produis, que je passe à l’étape studio avec mes bribes de morceaux mémorisés dans mon iPhone, je me projette tout de suite avec des images, des sensations. Je vois toujours ma musique en mouvement et c’est pour ça que la place des clips est prépondérante car elle me permet enfin de concrétiser mes premières pensées démarrées pendant la phase de création.
Tes 5 albums fondateurs ?
The Velvet Underground The Velvet Underground and Nico (1967)
David Bowie Low (1977)
Serge Gainsbourg Histoire de Melody Nelson (1971)
Suicide Suicide (1977)
LCD soundsystem This is happening (2010)
Nouvel album
Nuits agitées (Warner Chapell/The Orchard)
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En concert
Paris – La maroquinerie 17 avril 2023