Les Trans Musicales, musique sans frontières
Du 6 au 10 décembre, Rennes accueille la 45ème édition des rencontres Trans Musicales.
Les rencontres Trans Musicales poursuivent leur quête incessante d’exploration musicale initiée en 1979. Photographie du métissage sonore de chaque époque, la programmation des Trans résonne comme un plaidoyer pour la diversité : celle des individus, des cultures, des instruments et des styles musicaux. En 2023, elle reste fidèle à la ligne artistique de ses débuts. Les tensions montent, les luttes pour l’inclusion s’intensifient… la programmation s’en fait l’écho et reflète les enjeux contemporains. Avec 80 groupes se succédant sur scène pendant cinq jours, le line-up concocté par Jean-Louis Brossard et Mathieu Gervais prend cette année des airs de chevauchée sauvage, en faisant la part belle aux guitares hurlantes et aux machines endiablées. La fête s’annonce éblouissante et électrisante. On vous propose une sélection de découvertes musicales qui justifie pleinement une escale dans la capitale bretonne.
BANTU SPACESHIP
Ce vaisseau un peu spécial nous vient droit du Zimbabwe, pays de la « jit », une musique populaire locale proche de la rumba congolaise. Ulenni Okandlovu et Joshua Madalitso Chiundiza s’amusent à créer un pont entre la musique traditionnelle de cet état de l’Afrique australe et les musiques électroniques. Avec quelques kicks et snares sortis d’une boîte à rythmes associés à des nappes de synthés des années 80, ils opèrent un séduisant retour vers le futur, dans une fusion de styles mêlant hip-hop, disco et synth-wave, et un style qu’ils ont nommé la « new jit wave ». Mise à feu le 8 décembre.
BLANCO TETA
On attend beaucoup de ce quatuor transféministe argentin formé en 2017 à Buenos Aires. Leur projet rock expérimental est une grosse claque, mêlant l’énergie du punk à un chant hargneux qui n’est pas sans rappeler l’univers de Rage Against the Machine, même si le spectre sonore de Blanco Teta est plus large, notamment grâce à la présence d’un violoncelle dans la formation. Leurs concerts sont réputés pour être une véritable expérience immersive, alliant performance visuelle et scénique. Leur live aux Trans aura lieu le 9 décembre, veille de l’investiture de Javier Milei, le nouveau président d’extrême droite argentin souhaitant, parmi ses nombreuses idées délétères, remettre en cause certains droits des femmes. Un live sous haute tension donc.
HANRY
Ce collectif rennais composé de six musiciens gratte dans les cordes de Mogwai, God Speed You! Black Emperor ou Explosions in The Sky avec son heavy post-rock instrumental. Propice à la rêverie, leur musique atmosphérique, composée de longues plages instrumentales portées par des guitares saturées, devrait faire décoller le parc expos vers d’autres cieux, dans une nuit qui s’annonce songeuse et électrique.
HEAVENPHETAMINE
Leur nom sonne comme une invitation à rejoindre des paradis artificiels, mais c’est plutôt l’histoire de ce duo qui nous transporte. En quête de nouveaux espaces pour assouvir leur besoin de liberté créative, Hiroki (chant, synthétiseurs) et Sara (batterie) ont décidé de poser leurs valises à Tbilissi, en Géorgie. Un concert à Kiev, en décembre 2021, quelques mois avant le début du conflit russo-ukrainien, va modifier leur formation en y intégrant deux nouveaux membres, un guitariste et une flûtiste. Aussi à l’aise dans le krautrock, le post-punk que le rock psyché, Hiroki et Sara ont décidé, depuis le déclenchement de la guerre, de reverser l’intégralité des gains de leurs concerts à l’aide aux victimes du conflit. Clap clap.
RAHILL
Sa voix chaude et lancinante a bercé les deux albums d’Habibi, groupe de garage pop aux accents 60’s. Depuis la mise sous silence du combo new-yorkais, la chanteuse et compositrice irano-américaine Rahill Jamalifard s’échappe en solo dans différents projets artistiques (elle écrit, peint, est également DJ…). Pour son premier album Flowers at your feet, elle s’est plongée dans ses souvenirs d’enfance, à grands renforts de collages de voix qu’on imaginerait extraits d’un caméscope familial, donnant à son projet intimiste un certain parfum d’innocence au charme suranné. La voix est soul, l’électronique omniprésente, et offre un joli voyage dans des contrées aux accents trip-hop, hip-hop et jazz.
THE SILVER LINES
En Angleterre, tant qu’il y a des guitares, c’est qu’il y a de l’espoir. Alors on ne boudera pas notre plaisir d’aller prêter l’oreille au live de ces quatre espoirs du rock britannique, originaires de Birmingham, patrie d’Ozzy Osbourne. Mais l’analogie avec le frontman de Black Sabbath s’arrêtera là. Les quatre garçons de The Silver Lines s’inscrivent dans un pop rock britannique à guitares canal historique tout en s’affranchissant de leurs aînés, dénonçant notamment dans leurs morceaux la masculinité toxique, l’abus de drogue, l’exploitation sexuelle ou encore les normes sociales. Les temps changent.
TWENDE PAMOJA
Le violoniste Théo Ceccaldi poursuit ses pérégrinations sonores en Afrique de l’Est. Après le projet Kutu, qui l’emmenait flirter avec l’ethno-trans du côté de la capitale éthiopienne Addis-Abeba, il continue ses escapades en hors-piste avec un nouveau projet sans frontières, associant le danseur-dj-producteur ougandais Faizal Mostrixx, la chanteuse et MC de singeli tanzanienne Kadilida et la rappeuse nigériane Aunty Rayzor. Évasion garantie.