Les illuminations pop de Darwin Experience

Fidèles aux thèses de ce bon vieux Charles, les quatre parisiens de Darwin Experience ont appliqué avec soin la théorie de l’évolution à leur musique, en décidant de quitter leur rock adolescent pour plonger à corps perdu dans les musiques électroniques. Un changement de style qui semble s’être opéré avec une certaine frénésie, au regard du nombre de machines qui trônent sur scène lors de leurs concerts. Adrien, Thomas, Lazare et Arthur viennent de sortir « Flowers & Stuff », un premier EP de cinq titres illuminé par des inspiration pop glanées outre-Manche, et une filiation assumée avec Radiohead, Metronomy ou LCD Soundsystem. À l’écoute du morceau « Stroke My Hair », on ajouterait volontiers une génétique commune avec les truculents londoniens Hot Chip. Rencontre.

En 2017, on vous découvre en formation rock plutôt classique avec guitare-basse-batterie. Cinq ans plus tard, on vous retrouve sur scène avec un nouveau style et de nombreux synthés. Pourquoi et comment s’est faite cette bascule vers la pop électronique ?
Adrien (basse / chant
) : Cette transition s’est faite naturellement avec l’évolution de notre méthode de composition. Après s’être rencontrés en jouant du rock adolescent, nous avons eu envie d’emmener notre son vers des terrains plus électroniques car notre imaginaire et notre envie d’un univers plus fantastique nous y ont poussé. Nous voulions aussi récréer les grooves électro que nous avons découverts à travers la fête et les nuits parisiennes. À moins que tout ça ne soient que des excuses et que les synthétiseurs soient simplement devenu des jouets plus attrayants que les pédales de guitare !

Quelles sont vos formations musicales respectives ?
Arthur (batterie) :
Adrien est diplômé d’une école de jazz, mais nous sommes essentiellement autodidactes. On s’est rencontrés assez jeunes et on a commencé assez vite à jouer dans les bars, ce qui nous a permis de progresser ensemble par le jeu. Pendant un temps, nous avons été pris sous l’aile du groupe The Psychotic Monks qui ont été pour nous un modèle de groupe soudé. Depuis, nous continuons à apprendre ensemble au quotidien, on peut dire que notre progression s’articule autour de nos créations. 

Quel est votre setup actuel, notamment au niveau des machines ?
Thomas (guitare / clavier) :
Que ce soit en live ou en studio, nous avons un setup assez chargé aussi bien en terme d’instruments acoustiques qu’électroniques. Nous utilisons très peu de VST, ce qui fait qu’on dispose d’une machine pour chaque tâche. Dresser la liste complète prendrait trop de temps mais je peux vous parler de quelques-uns des instruments les plus importants dans notre processus créatif.
Il y a d’abord le Mellotron M4000D qui contient les samples originaux des bandes magnétiques des premiers Mellotron des années 60. Pour des basses et des FX en tout genre, nous utilisons le Moog GrandMother qui est présent dans tous les morceaux de l’EP. Il y a aussi l’Audio Super 6, dernier né de la jeune firme UDO qui est sans doute un des synthés analogiques polyphoniques les plus innovants des dix dernières années. Pour les percussions, la Vermona DRM1 que l’on utilise avec plus de parcimonie. Cette boîte à rythme a une couleur assez originale qu’on aime particulièrement allier à des sons plus acoustiques. Nous n’avons pas trop le culte des vieilles machines avec tous les mythes qu’elles engendrent. Malgré tout, nous avons la chance d’avoir un Korg Trident MK1 de 1980 ainsi qu’un Roland D50 de 1987 qu’on ne quitte plus. Les deux ont une place centrale dans notre son. Pour le reste il faut venir nous voir en live ! 

Vous sortez votre premier EP Flowers & Stuff ? Pourquoi ce choix de ne pas sortir d’album mais un EP ?
Adrien :
Nous avons un attachement fort à l’idée qu’un album soit une oeuvre cohérente, et les morceaux qui constituent cet EP n’ont pas été écrits dans ce but. Chaque chanson vit dans son propre univers, et ce projet est à prendre comme un patchwork des différents mondes que nous voulions explorer avec notre musique. Notre premier album se profile comme étant plus cohérent et unifié, mais il est encore trop tôt pour en dire plus. 

Tenues blanches sur scène, visuels de singles réalisés par un illustrateur, logo, clip soignés, vous semblez consacrer beaucoup d’efforts autour de l’image que vous souhaitez véhiculer ? C’est important pour vous qu’un groupe développe une esthétique propre autour de sa musique ?
Lazare (guitare / clavier) :
Chaque groupe accorde une valeur différente à la question de l’esthétique visuelle mais pour nous ce travail est très important. Il nous permet de réaliser que nous ne sommes pas seulement des musiciens mais aussi un condensé de références extra-musicales devenues communes au fil du temps, parfois sans qu’on s’en aperçoive. D’ailleurs toutes ces références visuelles vont a leur tour nourrir nos chansons et booster notre créativité. Et surtout, je pense vraiment que la mise en relation de la musique avec d’autres modes d’expression nous aide à mieux circonscrire notre univers, à le définir d’une façon plus précise et plus fine. 

Quel a été l’apport de Jordan Kouby du studio Question de Son dans la réalisation de cet EP ? A t-il notamment été un élément moteur dans le changement de style ?
Arthur :
Jordan Kouby n’a pas été l’élément moteur de notre changement de registre mais il nous a toujours accompagnés, quels que soient nos choix ou nos fantaisies musicales. Il a toujours su nous mettre en face de nos choix artistiques tout en ajoutant sa patte créative. Je pense qu’il aime la recherche sonore autant que nous et on peut dire qu’on parle la « même langue ». En fait, Jordan apporte toujours ce petit plus qui fait que notre son est ce qu’il est. 

Vous êtes résidents à Mains d’Oeuvres à Saint-Ouen (93). Qu’est-ce que cette résidence vous apporte dans la construction de votre projet ?
Thomas
: C’est un peu par chance que nous avons pu devenir résident à Mains D’œuvres. Nous sommes arrivés juste après le premier confinement dans ce studio qui est aujourd’hui notre principal lieu de vie. Nous l’avons organisé de telle sorte qu’il puisse nous servir à la fois de lieu de création et de répétition. C’est juste incroyable de pouvoir disposer d’un tel espace pour faire des expérimentations à longueur de journée, surtout quand on est un groupe, ça nous change de la petite chambre d’Adrien. Mains d’Oeuvres est aussi un endroit très fréquenté. Nous y croisons constamment d’autres artiste et c’est agréable d’être dans un endroit vivant, où il se passe constamment des choses. Je pense sincèrement que nous n’aurions pas pu nous accomplir en tant que groupe sans Mains d’Oeuvres, c’est là que tout se passe. 

Quels sont les cinq morceaux ultimes qui ont façonné le son du groupe ? 

• Metronomy « The Look »
• Radiohead « Idioteque »
• LCD Soundsystem « Dance Yrself Clean Foals »
• Foals « Blue Blood »
• Air « La femme d’argent »

Où peut-on vous voir en live en 2023 ?
Lazare :
Nous jouerons à Paris à la Boule Noire le 30 mai 2023. Nous y interpréterons l‘EP ainsi que quelques surprises. Les dates suivantes seront annoncées prochainement.


Flowers & Stuff
(Darwin Experience)


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